vendredi 30 mars 2012

[Traduction] Sur l'Action Militante Directe

(Traduction de l'essai de Dan Cudahy, avec son accord, "On Militant Direct Action")


« Il en est mille pour massacrer les branches du mal contre un qui frappe à la racine, et il se peut que celui qui consacre la plus large somme de temps et d'argent aux nécessiteux contribue le plus par sa manière de vivre à produire cette misère qu'il tâche en vain à soulager. »

~ Henry David Thoreau, Walden, Economie (Chapitre 1-E)

"Premièrement, abstenez-vous de faire du mal."
~ Inconnu

L’action directe est un terme fourre-tout pour toute action entreprise au nom des animaux dans l’intention de les secourir, les libérer, ou les sauver, individuellement ou collectivement, de l’exploitation, l’emprisonnement, l’esclavage, la torture, ou le mal infligé intentionnellement ou de la mort.

L’action directe peut être légale, comme dans le cas de l’adoption d’un chien secouru venant d’un refuge local ou du placement d’une chèvre ou d’une poule dans un sanctuaire qui lui fournira un foyer aimant et permanent.

L’action directe peut également être illégale, et va de l’intrusion lors de sauvetages (où les sauveteurs publient volontairement le sauvetage et se rendent eux-mêmes hors la loi) aux incendies criminels, dégâts matériels importants, menaces de mort, menaces non-létales et le harcèlement. Avec la possible exception des sauvetages et des violations similaires moins sérieuses de la loi, l’action directe illégale est aussi connue sous le nom d'« action militante directe » (« AMD »).

Le problème, en deux mots

Nous élevons, confinons et abattons 10 milliards d’animaux terrestres pour la nourriture annuellement (environ 317 par seconde) seulement aux Etats-Unis (environ 50 milliards partout dans le monde). La grande majorité de ces êtres innocents endurent la douleur, l’ennui insupportable, la terreur, et la misère qui se qualifient aisément comme une vie entière de torture. Ces animaux sont au moins aussi sentients et perceptuellement intelligents que n’importe quel humain.[1] Considérant la sévérité de la cruauté et l’ampleur de la  torture et de morts infligées à ces êtres sentients, c’est une atrocité et indignation morale qui dépasse largement, annuellement, n’importe quelle atrocité commise durant l’histoire de l’humanité, dont l’holocauste nazi. Comme le disait Isaac Bashevis Singer, un survivant de l’holocauste juif : « Pour ces créatures, tous les humains sont des nazis ; pour les animaux, la vie est un éternel Treblinka ».

Il n’est pas étonnant que les gens qui sont au courant des détails horribles de l’agriculture animale et autres formes d’exploitation soient outrés et veuillent désespérément faire quelque chose, quasi n’importe quoi, pour stopper cette violence extrême et cette insanité. Bien que l’outrage immense soit une réponse entièrement appropriée, elle doit être canalisée en action efficace.

Cet holocauste perpétuel n’est pas apparu soudainement de nulle part, et il ne s’arrêtera probablement pas soudainement non plus. Il est né d’une combinaison désastreuse de 1) siècles de profonds préjugés sociaux et culturels envers les êtres non-humains sentients, et 2) d’avancées technologiques en constante augmentation, de capacité industrielle, de population humaine grandissante, et de demande économique durant le 20e siècle et continuant au 21e. Le désastre environnemental de l’agriculture animale [ndt: anglais], générant une grave pollution des eaux et de l’air, production de gaz à effet de serre, déforestation, et pénuries d’eau potable, deviendra de plus en plus évident au fur et à mesure que la population humaine augmente et que l’industrialisation et la technologie de l’exploitation animale se développe en Asie. Vu cette propagation à l’Asie, le nombre de victimes innocentes non-humaines de cet holocauste perpétuel augmentera probablement par dizaine de milliards dans les dizaines d’années à venir, en assumant qu’aucun mouvement abolitionniste vegan fort, populaire, non-violent ne se développe bientôt.

La solution, en deux mots

Nous mettrons fin à cette atrocité seulement en mettant fin au préjugé envers les non-humains sentients par des années ou dizaines d’années d’éducation végane [2] aboutissant au final au véganisme répandu en tant que norme minimale de décence dans les sociétés industrialisées.

Nous ne pouvons réguler l’holocauste perpétuel de milliards ; l’holocauste doit être aboli. Nous ne pouvons forcer l’abolition sur une société qui ne comprend pas les principes sous-jacents et les fondements rationnels et moraux des droits des animaux abolitionnistes et le préjudice du spécisme. Toute tentative de force, de menace, de vandalisme, ou de terreur ne fera que se retourner contre nous, provoquer de la résistance, et mettra fin au dialogue rationnel et moral. Nous ne pouvons éduquer les gens par rapport au véganisme pro-sociétal, sain et non-violent alors que nous les menaçons, vandalisons, terrorisons ou sommes « en guerre » avec eux. Il en serait ainsi même si un pourcentage relativement élevé (disons 30%) de la population était végane. C’est surtout vrai lorsque seul un très petit pourcentage (environ 1%) de la société est végane.

“Une chose à la fois”

Certains partisans célèbres de l’AMD (qui sont forcément des opposants de l’approche abolitionniste établie par le professeur Gary Francione) appellent péjorativement l’approche abolitionniste de l’éducation végane, l’approche « une chose à la fois » et déclarent qu’il faudra des siècles pour qu’une telle approche fonctionne, si elle fonctionne un jour. Mais la phrase « une chose à la fois » déforme de manière extravagante l’éducation végane telle que conçue par les abolitionnistes.

« Une chose à la fois » suppose un modèle de croissance linéaire prévisible et ridiculement lent de l’éducation végane et du véganisme. Cependant, lorsque nous examinons les modèles de croissance typiques des changements sociaux de l’histoire, c’est la théorie du chaos qui les décrit le mieux. Tout comme le climat, qui est un exemple classique expliquant comment la théorie du chaos peut décrire des phénomènes complexes, le changement social comprend des millions de petites variables, à la fois potentielles et actuelles. L’interaction de ces variables est imprévisible et peut être significativement influencé sur le long terme par des changements relativement minimes à un moment donné. Lorsqu’un changement significatif ou un « point de basculement » survient, le changement peut devenir exponentiel, pas linéaire, par nature. L’éducation végane créative, non-violente – semblable aux efforts éducationnels des cinq dernières décennies aux Etats-Unis visant à réduire ou éliminer la cigarette, le racisme, le sexisme, et la conduite en état d’ébriété – est le genre de changement social qui est imprévisible et non-linéaire. [3]

Pour une idée générale de croissance non-linéaire, considérez que 10.000 vegans généreront de nouveaux vegans à un taux dix fois plus élevé que mille vegans le feraient. Une centaine de millier de vegans généreront de nouveaux vegans à un taux cent fois plus élevé qu’un millier de vegans le feraient, et ainsi de suite. Donc au plus on trouvera de vegans dans une société, au plus rapidement les non-vegans deviendront vegans. La description péjorative « une chose à la fois » de l’éducation végane omet de prendre en considération à la fois la nature imprévisible et exponentielle du changement social en général et de l’éducation végane en particulier. Considérer l’éducation végane non-violente comme étant une méthode « une chose à la fois » est au mieux naïf et complètement malhonnête au pire.

Deux barrières à l’éducation végane : l’action directe militante et le welfarisme.

Comme je l’ai d’ailleurs écrit en long et en large sur ce blog, le welfarisme est une barrière sérieuse à l’éducation végane non-violente et à l’abolition car il identifie le traitement au lieu de l’utilisation, la souffrance au lieu de l’exploitation et l’abattage, comme le problème à résoudre. En ‘acceptant’ l’utilisation et l’exploitation des animaux, le welfarisme n’a pas besoin du véganisme ou de l’abolition. De cette manière, le welfarisme renforcera toujours le paradigme de l’exploitation et sera un atout longue durée de la survie de l’industrie.

L’AMD est également un obstacle sérieux à l’éducation végane créative et non-violente et à l’abolition. Comme l’a dit le professeur Gary Francione, nous vivons dans une société où la consommation de produits animaux est encore considérée comme étant aussi naturel et normal que de boire de l’eau et de respirer de l’air. Dans une telle société extrêmement spéciste, l’infraction de la loi, les dégâts aux propriétés, ou la violence envers les exploitants d’animaux ne peuvent qu'être considérés comme bizarres et anti-sociaux. Encore une fois, nous ne pouvons éduquer ou avoir un dialogue raisonnable avec des gens qui ont peur de nous, qui nous voient comme anti-sociaux, ou qui ne veulent pas être associés à un petit mouvement qui menace ou attaque d’autres citoyens respectueux des lois. Qui plus est, l’éducation végane créative et non-violente possède l’incontestable supériorité morale. Les exploitants d’animaux peuvent nous ignorer ; mais si nous sommes non-violents et respectueux de la loi, ils n’ont absolument aucune revendication morale que ce soit envers nous. L’AMD sape cette autorité et influence morale en fournissant aux exploitants d’animaux des objections morales contre les militants des ‘droits des animaux’. Dans une société fortement spéciste, l’AMD sape l’autorité morale bien plus qu’elle ne le ferait autrement.

Les similitudes entre l’action militante directe et le neo-welfarisme

L’AMD et le welfarisme ont beaucoup en commun :

1) La motivation autant pour l’AMD que pour le welfarisme est enracinée dans un fort sentiment d’urgence et de désir de voir des résultats immédiats, ou une « solution rapide », mais tous les deux ignorent le fait que le problème – qui est le préjugé culturel du spécisme approuvé par 99% de la société – est non seulement immunisé à ce genre de solutions rapides, mais est aidé par ce genre de tentatives agissant comme barrière à l’éducation végane non-violente.


Le welfarisme s’attaque aux branches du traitement via des réformes, clamant des ‘victoires’ et des ‘résultats’ superficiels dans un monde législatif dominé par les industries où ce genre de lois sont passées et abrogées tel le changement des saisons. Qui plus est, le welfarisme renforce la structure légale et le paradigme réglementé des droits de propriété sur lequel est fondé l’exploitation animale.

L’AMD s’attaque aux branches des exploitants individuels et des compagnies d’exploitation. En de rares occasions, les partisans de l’AMD peuvent crier soi-disant ‘victoire’ lorsque leur cible doit déménager à un autre endroit ou est remplacée par la compétition. Cependant, même pour ces rares cas où des compagnies individuelles doivent mettre clé sous porte, la compétition arrive inlassablement pour satisfaire la demande. Qui plus est, l’AMD éloigne beaucoup de personnes qui seraient autrement ouvertes à l’éducation végane créative et non-violente.

2) Ils jouent tous les deux sur la force de l’industrie. (Par “industrie” dans cet essai, je veux dire toutes les industries de l’exploitation animale dans leur ensemble.)

L’industrie est puissante en matière de politique, législation, et en affaires. L’industrie a également la coopération complète et le dévouement de l’application des lois à chaque niveau du gouvernement, de la police locale jusqu’aux agences fédérales et la garde nationale.

Le welfarisme s’attaque à l’industrie en matière de politique, législation et arrangement, gaspillant des millions de dollars et des milliers d’heures dans de ridicules efforts pour réguler un holocauste de milliards de victimes innocentes annuellement, renforçant le système qu’il tente de réguler.

L’AMD recrute généralement de petits groupes de jeunes sans formation ni expérience pour attaquer l’industrie contre quelques unes des organisations répressives les plus hautement qualifiées et expérimentées au monde. Ce déséquilibre en matière de connaissance, capacité et expérience se traduit régulièrement en de jeunes personnes passant des années en prison pendant que l’industrie grandit et prospère annuellement, presque toujours imperturbée par même les plus sérieuses attaques d’AMD.

3) Ils ignorent tous deux les faiblesses de l’industrie. La faiblesse de l’industrie est qu’elle est moralement déplorable et écologiquement désastreuse (encore une fois, le désastre écologique deviendra de plus en plus évident au fur et à mesure que les marchés asiatiques augmenteront la demande en produits animaux).

Le welfarisme détourne les ressources des efforts généralisés d’éducation végane. C’est  l’éducation végane non-violente, générale qui est capable d’attaquer efficacement la faiblesse de l’industrie et de mettre à genoux le géant avec le temps. Et encore une fois, le welfarisme renforce également la structure légale et le paradigme réglementé des droits de propriété sur lequel est fondé l’exploitation animale.

L’AMD détourne également les ressources des efforts d’éducation végane en 1) détournant l’attention publique percevant les militants vegans comme modèles pro-sociaux à suivre, pour les considérer au lieu de ça comme des vandales et criminels anti-sociaux à enfermer, et 2) provoquant l’emprisonnement de jeunes militants vegan pendant des mois voir des années. En outre, comme mentionné ci-dessus, l’AMD mine l’autorité morale claire en faisant baisser l’opinion publique des militants des animaux comme étant une simple faction politique violente comme les autres à « contrôler », « gérer », et à réprimer. Dans une société spéciste, ces actions sont une barrière significative à l’éducation végane non-violente.

4) Le welfarisme et l’AMD s’attaquent tous les deux à l’offre plutôt qu’à la demande. L’une des choses les plus importantes à se rappeler est ceci : Aussi longtemps que les gens voudront consommer des produits animaux, on trouvera des fournisseurs pour satisfaire cette demande. Oui, les fournisseurs peuvent manufacturer certaines autres demandes via la publicité, la baisse de prix, et la qualité des produits, mais en fin de compte, l’atrocité morale est fondamentalement axée sur la demande. Ce sont notre famille, nos amis, et nos connaissances non-véganes qui sont la cause de cette atrocité ; les fournisseurs sont simplement l’intermédiaire engagés pour faire le sale boulot.

Le welfarisme se concentre sur la réforme des méthodes que les fournisseurs utilisent pour produire leurs produits. Habituellement, les réformes de bien-être suggérées par les organisation welfaristes comme PETA, Farm Sanctuary, et HSUS sont des réformes qui sont  de toute façon dans les meilleurs intérêts des fournisseurs. Mais même dans les quelques cas où l’industrie est uniformément opposée aux réformes ou lorsque les réformes ne sont pas dans le meilleur intérêt de l’industrie (et les cas encore plus rares où de telles réformes sont réellement implémentées et appliquées), l’industrie est très résiliente et peut se délocaliser dans une autre juridiction ou trouver d’autres manières de contourner ce genre de réformes. S’attaquer aux fournisseurs, comme le fait le welfarisme, revient à s’attaquer aux branches. S’attaquer à la demande, comme le fait l’éducation végane non-violente, revient à s’attaquer à la racine.

L’AMD cherche à dissuader ou faire fermer les fournisseurs. Mais encore une fois, aussi longtemps que la demande existe, les fournisseurs déménageront simplement ou seront remplacés par de nouveaux fournisseurs et l’application de la loi sera encore plus sévère. L’AMD agit comme une barrière contre l’éducation végane non-violente car, si l’AMD reçoit l’attention des médias, c’est presque toujours une couverture spéciste, qui se concentre sur le « malheur de fournisseurs travaillant dur, qui essayent juste de gagner leur vie en fournissant ce que le public demande ». (Le « public », bien évidemment, est notre famille, amis et connaissances non-véganes.) Qui sera le mauvais dans la presse ? Les militants des animaux. Qui sera le gentil ? Les exploitants recevant la sympathie du public. Encore une fois, s’attaquer aux fournisseurs, comme le fait l’AMD, revient à s’attaquer aux branches. S’attaquer à la demande, comme le fait l’éducation végane non-violente, revient à s’attaquer à la racine.

Les abolitionnistes sont opposés à la violence.

Les welfaristes, neo ou traditionnels, acceptent et promeuvent la violence envers des êtres non-humains innocents en promouvant, plutôt qu’en rejetant entièrement, la régulation et la réforme de l’exploitation et de l’abattage des animaux, soit en tant qu’"étape" (fausse et confuse) vers l’élimination de l’utilisation animale, soit en tant que méthode permanente d’exploitation. Les abolitionnistes rejettent entièrement la violence de toutes les réformes de bien-être, peu importe si la réforme de bien-être est (faussement) perçue comme un ‘pas’ vers quelque chose d’autre ou comme une méthode permanente d’exploitation.

Les partisans de l’AMD acceptent et promeuvent des actions illégales, impliquant dégâts matériels,  menaces, harcèlement, ou dégâts psychologiques, qui sont ou bien violentes ou potentiellement violentes pour les gens. Les abolitionnistes rejettent entièrement la violence et le comportement anti-social, aliénant, de l’AMD, ses menaces et sa rhétorique.

Les abolitionnistes promeuvent le véganisme et seulement l’éducation végane créative, non-violente comme moyen d’atteindre la généralisation du véganisme. L’abolitionnisme est l’extension logique des mouvements de droits civiques et de paix. La non-violence est un principe de base indispensable de l’abolitionnisme. L’éducation végane créative, non-violente est pro-sociale.

Le véganisme est pro-social, modéré, et pacifique. Premièrement, abstenez-vous de faire du mal : devenez vegan, et encouragez les autres à en faire de même. Le welfarisme et l’AMD sont tous les deux nuisibles et contreproductifs ; évitez les.
_________________
Notes:

[1] Les espèces semblent grandement varier par rapport à leur sensibilité relative à la douleur physique et psychologique, avec certaines espèces bien plus sensibles que d’autres. De même, certaines parties du corps sont bien plus sensibles que d’autres, dépendant des espèces. De façon commode, la plupart d’entre nous nous considérons comme étant les plus sensibles, mais on a toutes les raisons de penser que les humains se situent quelque part dans la gamme autre que la « plus sensible », aussi bien en douleur physique que psychologique, dont la terreur.

L’intelligence perceptuelle est en contraste avec l’intelligence conceptuelle (ou l’intelligence abstraite/symbolique/linguistique). Bien que la métaphore soit loin d’être parfaite, on pourrait considérer l’intelligence conceptuelle comme le fait d’avoir un « livre de connaissance » sur la manière de jouer au golf ou au baseball, incluant la connaissance conceptuelle du maniement d'un club ou d'une batte. En contraste, l’intelligence perceptuelle est comme le fait d'avoir la coordination main-œil pour bien jouer au golf ou au baseball. De ce sens-là, les non-humains sont souvent plus perceptuellement intelligents que les humains. De toute évidence pas au golf et au baseball, mais dans la conscience environnementale et leur capacité perceptuelle et athlétique pour la prédation ou l’évaluation et la prévention de dangers, les animaux s’épanouissent.

[2] L’éducation végane créative, non-violente, c’est apprendre et informer les gens par rapport à ce qu’est le véganisme, pourquoi on voudrait le devenir, pourquoi le véganisme est une base morale ou une norme minimale de décence, et comment le devenir de manière facile, nutritive, délicieuse, et accomplie, ce qui inclut la cuisine végane, des recettes véganes, des produits vegans, des alternatives aux produits animaux, et des informations nutritionnelles. Devenir vegan est facile et très enrichissant. Tout ce que cela demande c’est une connaissance pour démarrer, et tout le reste du raffinement.

[3] Fumer, le racisme, le sexisme, et la conduite en état d’ébriété, bien qu’encore bien présents en 2009, ont considérablement baissés durant les 40 ou 50 dernières années via des efforts d’éducation sociale. Les plus âgés d’entre nous se rappelleront probablement les attitudes généralisées par rapport à ces croyances et activités dans les années 60 et reconnaitront un contraste significatif avec les attitudes généralisées d’aujourd’hui. Nous avons encore beaucoup de progrès à faire concernant la cigarette, le racisme, le sexisme et la conduite en état d’ébriété, mais on ne peut nier qu’un progrès significatif ait eu lieu en contraste avec les attitudes des années 60 dans ces domaines.

lundi 26 mars 2012

[Traduction] La liberté de subir un préjudice.

(Traduction de l'article de Rob Johnson, "The Freedom to be prejudice")
 
Liberté d’expression

Une chose est claire lorsque vous discutez avec des militants des animaux – la liberté d’expression est un concept important. N’importe quel militant pour le compte des non-humains doit être d’accord avec de telles idées pour deux raisons :

a)   Les humains sont des animaux, et donc on ne devrait pas leur refuser les droits fondamentaux que leurs intérêts requièrent, et
b)   Le militantisme pour les animaux pourrait largement être réduit au silence sans de telles libertés. La majorité des personnes dans notre société marque son accord sur l'exploitation animale de manière générale, et la liberté d'expression défend principalement la liberté de s'exprimer par rapport à une position impopulaire.

Où nous limitons nos libertés individuelles

La liberté d’expression s’arrête là où d’autres droits, plus vitaux, sont enfreints. Nous ne permettons pas aux gens de proférer des slogans racistes ou homophobes quand ça leur chante, par exemple, vu les dégâts que cela provoque. Nous voyons toujours des gens assassinés parce qu’ils étaient de la mauvaise couleur, et des écoliers se suicidant parce qu’ils étaient attirés par le mauvais sexe. Défendre le droit des gens à proférer des slogans racistes ou homophobes au visage des autres est donc un extrême de la liberté d’expression que beaucoup rejetteront sur base rationnelle. Oui nous devrions avoir le droit de dire ce que nous pensons avoir de l’importance – mais pas lorsque ce discours est irrationnel, et constitue quelque chose qui fait du tort à d’autres personnes de manière substantive.

Mettre une limite

La ligne tracée entre la liberté d’expression et le discours haineux (les exemples utilisés plus haut) est fort mince. La seule garantie que l’étiquetage d’un commentaire soit correcte, est lorsque nous engageons cette opinion et écoutons les réactions. Par exemple, nous avons écouté le point de vue que les noirs ont moins le droit d’être au Royaume-Uni que les blancs, nous n’avons trouvé aucune preuve soutenant cela (quelle preuve pourrait-il y avoir ? Rien d’autre si ce n’est le préjugé est fourni), et par la suite nous devrions rejeter et/ou contrer les incidences en conséquent.

Cette étape d’engagement est cependant importante. Nous devons engager ces positions, sinon nous maintenons seulement nos préjugés personnels pour les détruire. C’est le problème, pas la solution. Cependant, une fois que nous savons qu’une position est résolument immorale (comme le commentaire par rapport aux noirs ayant moins de droit de résider au Royaume-Uni que les blancs) nous n’avons pas à nous sentir obligés de l’entendre à nouveau. Et en effet, si nous commençons à l'engager encore et encore, à créer des forums en public où nous discutons avec des racistes connus sur le sujet, à écrire des articles dans lesquels nous considérons la question, ou à promouvoir la personne clamant cela afin de démarrer un débat, nous faisons totalement fausse route.

Cette erreur est née d’un malentendu par rapport au fonctionnement de la société. Ce n’est pas une déclaration controversée de supposer que les humains, de manière générale, gravitent vers ce qui est moralement juste (une fois que c’est découvert). Cependant, si cette chose moralement juste est déformée jusqu’à être promue comme une différence d’opinion, plutôt qu’une différence entre le préjudice et la rationalité comme c’est réellement le cas, alors vous ne donnez automatiquement aux gens qui maintiennent cette croyance aucune raison de changer d’avis. De manière similaire, vous donnez aux nouvelles personnes entrant dans le débat, sans réelle opinion, l’idée que leurs propres préjugés sur la question peuvent être maintenus de manière acceptable.

La tyrannie de la majorité des ‘défenseurs des animaux’

Cela nous enseigne quelque chose par rapport à l’éthique animale. En particulier, cela nous apprend quelque chose par rapport au débat abolitionniste-neo welfariste.

Le neo-welfarisme est aujourd’hui la norme. Tous les grands groupes promeuvent le neo-welfarisme, et ce malgré le fait que cela ne crée pas un grand nombre de vegans ( < 00,5% de la société est végane à un moment donné – donc ça ne parle pas aux non-vegans), la plupart des vegans sont donc d’accord avec le discours neo-welfariste ‘toute action pour les animaux est bonne à prendre’ et au moins cela ‘fait de la publicité pour le sort des animaux’. Ils pensent cela, de manière compréhensible, à cause de leurs propres anecdotes, ils sont devenus vegan de cette manière, ou par rapport à d’autres vegans qu’ils connaissent qui le sont devenus de cette manière. Ils ne considèrent pas la théorie de l’abolitionnisme, qui pointe les raisons pour lesquelles le neo-welfarisme crée un mur entre le véganisme et 99.5% de la société – et ils n’ont pas besoin de le faire car le neo-welfarisme reste la norme et est encore promu/perpétué par la plupart des militants des animaux.

Vu l’irrationalité du neo-welfarisme, (comme discuté en long et en large sur ce site, avec des articles traitant du problème des campagnes ciblées jusqu’aux articles traitants des campagnes de régulation du bien-être), on pourrait être pardonné de le pointer comme l’un des grands problèmes de la société – et d’estimer qu’il s’effondrera  rapidement et naturellement au fur et à mesure que les gens apprendront la vérité. Il y a beaucoup à dire par rapport à cette prédiction (si les militants informés sont actifs pour y arriver), et le fait que l’abolitionnisme soit passé d’un mouvement marginalisé inconnu à un mouvement social bourgeonnant est peut-être un signe de changement. Cependant, il y a une grande différence entre la question animale en gros, et tous les autres changements sociaux de l’histoire.

La tyrannie de ceux ayant voix

Pensez à l’abolition de l’esclavagisme dans le monde occidental, l’octroi de droits égaux aux femmes et aux gens de couleur, la dé-stigmatisation progressive de l’homosexualité…ils fournissent tous des niveaux de liberté aux êtres humains. Pour toutes ces questions, les gens ont commencé à abandonner leur volonté de s’accrocher à des préjugés, et ont abandonné leur foi en leurs diverses preuves anecdotiques qui, pensaient-ils, prouvaient qu’ils ‘avaient raison d’avoir ces préjugés’. Ils ont fait cela (du moins en partie) parce qu’il devenait socialement intolérable d’avoir à défendre un préjugé et donc de faire du tort à votre réputation sociale (les interactions sociales étant manifestement précieuses dans toute culture humaine), mais qui plus est, ces mouvements d’égalité se sont répandus car les personnes souffrant dans n’importe lequel de ces groupes oppressés pouvaient aborder l’oppresseur par rapport à cela. Comment défendez-vous votre propre préjugé directement face à la personne contre laquelle vous l’avez ? Au fur et à mesure que les femmes, personnes de couleur et homosexuels exprimaient de plus en plus leurs intérêts, cela créa toutes sortes de penchants sociaux pour faire ce qui est juste. Et à le faire rapidement.

Le problème que nous avons avec les animaux est qu’ils ne parlent pas le langage humain. Il est peu probable qu’un cochon vous approche pour vous parler de votre préjugé le considèrant comme un morceau de viande à manger, plutôt que comme un individu qui mérite sa propre vie. Ainsi, il incombe à ceux d’entre nous ayant voix de commencer à parler. Cependant, vu l’absence de voix venant des oppressés du  spécisme, cela crée toutes sortes de problèmes qui nous demandent d’aborder l’abolition du spécisme d’une manière légèrement différente que si nous nous élèverions contre le racisme. La similitude cruciale cependant est d’être sans équivoque dans la manière dont nous condamnons le préjudice.

Ce qui est le plus problématique pour les animaux n’est, ironiquement, pas ceux qui sans le savoir se livrent au spécisme en consommant des produits animaux (ce sont les symptômes du spécisme, et cèderont au fur et à mesure que l’antispécisme grandira, et que l’éducation végane maintiendra sa croissance – c’est de la théorie sociale de base). Ce qui est le plus problématique ce sont les militants qui reconnaissent le problème du spécisme et qui pourtant n’adoptent pas une position sans équivoque, ne sont pas des antispécistes sans équivoque et donc finissent par ralentir tout mouvement pour l’égalité. Ce sont les cas problématiques pour les animaux. La seule chose dont nous soyons certains par rapport au changement social est qu’il agisse comme une boule de neige – si un mouvement est rationnel, alors au fur et à mesure que des personnes s’impliqueront, au plus de personnes seront susceptibles de s’impliquer dans une question sociale. Il se déplace comme une boule de neige, gagnant de l’allure. Les gens qui promeuvent des réformes de bien-être ou des campagnes ciblées freinent cette boule de neige. De même, les gens qui cherchent à accroitre le dialogue au nom du welfarisme et des campagnes ciblées sans constamment pointer leur irrationalité finissent par légitimer les normes, et nous maintiennent au même endroit moral.

Utiliser les idéaux libéraux humains à tort

Ce problème ne s’est jamais présenté de manière significative auparavant pour de nombreuses questions de changement social, car les oppressés pouvaient toujours revendiquer leurs intérêts eux-mêmes – ils ne devaient pas donner les pleins pouvoirs aux militants privilégiés pour faire des réclamations douteuses en leur nom, et donc ralentir ou entraver le mouvement pour leur égalité. Martin Luther King n’a pas dû laisser les gens blancs de classe moyenne décider de faire campagne seulement contre les attitudes racistes dans les transports publics pour leurs propres raisons stratégiques – à la place, les oppressés prirent eux-mêmes la parole, et dénonçaient le préjugé pour ce qu’il était.

Mais voici ce qui se passe pour les droits des animaux. Les animaux ne peuvent pas parler et dire ‘Des plus grandes cages ? Sortez-moi de cette fichue cage !’ ou ‘Mettre fin à l’exploitation de la fourrure ? Quid de toute l’exploitation, je n’ai pas moins de valeur qu’un phoque !’. Et donc les militants des animaux ne sentent manifestement pas le besoin d’avoir à écouter les intérêts des animaux. Ils incluent en conséquence le spécisme dans leur militantisme, sur le plan tactique, basé sur leur propre preuve anecdotique qu’ils sont devenus vegan avec ce genre de campagnes etc.

Et qui plus est, puisque les animaux ne peuvent pas demander qu’on entende leurs propres intérêts par rapport au militantisme, les militants en font une question de propres droits libéraux, plutôt que de droits des animaux. Par exemple, lorsque des tactiques spécistes sont saluées, ou débattues comme si elles étaient parfaitement légitimes, toute atteinte à cette louange/légitimité est susceptible d’être cataloguée comme ‘fasciste’, ‘censure’, ou autre accusation antilibérale. Ces militants défendent leur droit de ‘penser par eux-mêmes’, et l’utilisent comme un droit à ne pas prendre en compte toute critique. Certains maintiennent être abolitionnistes, voir même antispécistes tout en valorisant leurs propres intérêts comme étant plus importants que ceux des autres animaux.

Si la raison nous apprend quoi que ce soit, c’est que le discours rationnel n’est pas seulement agréable à avoir, mais dans un mouvement pour des individus qui n’ont pas la parole, il est primordial d’avoir un discours rationnel. Et pas un militantisme ‘tout est permis’ qui favorise vos propres opinions au détriment des animaux, pas d’interviews où nous ‘apprenons’ quelque chose des personnes intrinsèquement spécistes qui veulent ‘aider’ les animaux d’une certaine manière plutôt que de les contester à chaque occasion. Seul le discours rationnel fonctionnera.

Rob Johnson

mercredi 21 mars 2012

[Traduction] L'importance d'être vegan

(Traduction de l'article de Dan Cudahy et d'Angel Flinn, "The importance of being vegan)
 
J’ai écrit cet article avec Angel Flinn, qui est directrice d'éducation pour Gentle World —une communauté d’intention végane et organisation à but non lucratif dont l’objectif est d’aider à construire une société plus paisible, en éduquant le public par rapport aux raisons de devenir vegan, les bénéfices du véganisme, et comment faire la transition..

Cet article fut publié initialement le 8 juillet 2011 sur Care2.

-Dan Cudahy, auteur de Unpopular Vegan Essays

"Si un homme aspire à une vie juste, il doit commencer par s'abstenir de faire du mal aux animaux.”

Leo Tolstoy



Intellectuellement, la plupart d’entre nous s’accordent qu’infliger un mal dispensable est injustifié – que les victimes soient humaines ou pas. Et pourtant, la plupart des mêmes personnes qui souscrivent à cette croyance sont prêtes à fermer les yeux en regard d’un tel préjudice lorsqu’elles perçoivent elles-mêmes une sorte d’avantage à cela – que les bénéfices soient sous forme de nourriture, de possessions, de vanité ou d’amusement.

Malheureusement, puisque la violence généralisée envers les animaux sous forme d’ « agriculture », de « recherche » et même de « divertissement », est acceptée par la société dominante et ses systèmes légaux, la majorité des gens ont tendance à refuser de voir cette brutalité pour ce qu’elle est, et de sortir du conditionnement persuasif qui rend possible ce genre d’atrocités.

Il est vrai que de plus en plus de personnes commencent à s’exprimer par rapport aux nombreux abus odieux qui se produisent dans l’industrie animale, et le mouvement pour « améliorer les conditions » de ces animaux continue de gagner en popularité. Et pourtant, chacune des horribles pratiques contre lesquelles les militants des animaux protestent passionnément – confinement intensif, insémination forcée, séparation de mère et enfant, castration, écornage, débecquage, mulesing, dégriffage, brûlures à vif, mue forcée – toutes ces horribles procédures, et bien d’autres, existent parce qu’un nombre toujours croissant de consommateurs humains continue de créer de la demande pour des produits animaux. Pour une industrie qui voit des êtres sentients comme des unités économiques – des machines à engranger l’argent – il est inévitable qu’une telle violence sera considérée comme un moyen acceptable en vue de fournir des produits qui créent un bénéfice.

Dans tous les cas, même si chacune des pratiques mentionnées plus haut étaient abolies, cela resterait immoral et inexcusable d’utiliser d’autres êtres sentients comme ressources. Dans le monde d’aujourd’hui, les alternatives véganes sont disponibles pour chaque usage significatif pour lequel nous utilisons actuellement des animaux*. Un nombre grandissant de personnes adoptent le véganisme comme solution aux problèmes que nous expérimentons en tant qu’individus et en tant que société – de nos nombreux problèmes de santé, à l’urgence environnementale, en passant par le problème de violence croissante – tous nous faisant craindre pour le futur dans une certaine mesure.

*NB: Bien que des produits animaux soient utilisés pour certains objets pour lesquels on ne trouve pour l’instant pas d’alternatives de consommation – comme les ordinateurs et les pneus de voiture – il y a des alternatives qui pourraient être facilement utilisées dans leur fabrication.

Au fur et à mesure que ce mouvement pour l’émancipation animale croit en taille et force, un exemple fort est montré par les individus qui refusent de prendre quelque part que ce soit à l’oppression brutale d’innocents dans ce que nous appelons « industrie animale ». Des hommes et des femmes, partout dans le monde, simplement en vivant en tant que vegan(e)s, démontrent qu’il n’y a aucune justification morale au mal que nous infligeons aux animaux.

Certains pourraient tenter de justifier la consommation de produits animaux pour des raisons de santé. Et pourtant, un nombre croissant de professionnels de la médecine commencent à réaliser que non seulement les régimes alimentaires végétaliens sont nutritionnellement complets, mais qu’ils sont en réalité plus nourrissants et bien moins néfastes que leurs homologues à base d’animaux. En outre, le public commence à réaliser que bon nombre des dangers associés au régime alimentaire – maladie du cœur, cancer, attaques cardiaques, obésité, diabète, et bien d’autres – sont exacerbés par la consommation de produits animaux, et peuvent en réalité être évités en adoptant un régime alimentaire vegan.

Selon la plus grande organisation mondiale sur l’alimentation et des professionnels en nutrition, l’association américaine de diététique (AAD) :

« ... les  alimentations    végétariennes    bien conçues  (y  compris  végétaliennes) sont bonnes pour la santé, adéquates sur  le  plan  nutritionnel  et  peuvent être bénéfiques pour la prévention et le traitement de certaines maladies… Les    alimentations    végétariennes bien conçues sont appropriées à tous les âges de la vie, y compris pendant la  grossesse,  l’allaitement,  la  petite enfance,  l’enfance  et  l’adolescence, ainsi que pour les sportifs. »

En d’autres mots, la position officielle de la – très conservatrice – AAD est que inclure des produits animaux dans son régime alimentaire n’est non seulement pas nécessaire, mais peut en réalité être nocif pour notre santé.

Quid de nos autres utilisations d’animaux ? Le cuir, la laine, la soie, la fourrure, les produits de toilette, les cosmétiques, le divertissement, le sport, la grande majorité de notre expérimentation, tout cela n’est clairement pas nécessaire selon tout concept cohérent du mot « nécessaire », vu qu’on trouve des alternatives véganes pour tout cela.

Le véganisme n’est pas une philosophie marginale : c’est un fondement moral qui est compatible avec les croyances que la plupart d’entre nous ont déjà. Le véganisme revient simplement à s’abstenir de participer à l’utilisation dispensable et préjudiciable d’êtres sentients. Vu que la plupart d’entre nous sont naturellement opposés à la violence dispensable, devenir et rester vegan n’est pas une question de changer une quelconque conviction morale. Cela requiert tout simplement de nous que nous soyons prêts à changer les habitudes que nous avons développées qui nous empêchent de vivre selon nos principes. Chacun(e) d’entre nous a été conditionné(e) par la propagande d’une société hautement spéciste, une culture mondiale qui est extrêmement préjudiciée contre les intérêts de ces animaux qui n’ont pas eu la chance de venir au monde sur cette planète sous une forme humaine. Et pourtant, chacun(e) d’entre nous a le pouvoir de se libérer de cet endoctrinement. Devenir vegan est simplement reconnaître et admettre qui nous sommes vraiment, c’est l’opportunité de devenir ce que nous serions si personne ne nous avait appris qu’il est normal de tourner le dos aux besoins et aux droits de nos frères animaux, qu’il est normal d’ignorer leur douleur si cela nous apporte du plaisir.

Est-ce que le véganisme est un sacrifice ? Pas du tout. Au contraire, c’est le choix de chacun des non-vegans qui sacrifie notre propre bonté intérieure. Une fois que vous prenez la décision de vivre en accord avec vos valeurs, les récompenses, sous forme d’un corps plus sain, d’un esprit plus clair, et d’une conscience plus paisible, seront à la fois profondément apparentes et une source de joie continue.

Et même si le véganisme nous demande d’abandonner certains de nos plats favoris, vêtements adorés, et habitudes chéries, est-ce que cela a vraiment de l’importance ? L’institution de l’esclavagisme et le traitement d’êtres sentients en tant que « choses »,  qu’ils soient humains ou non-humains, sont intrinsèquement et gravement injustes. Les changements que nous demande le véganisme, et les avantages que nous apporte le véganisme, sont sans rapport avec la véritable question morale :

Est-ce que le gout d’une nourriture particulière, ou la manière dont vous vous sentez dans votre paire de chaussures favorites ou dans votre manteau d’hiver, sont plus importants que la vie et la liberté d’un autre être vivant, sentient ?


mardi 13 mars 2012

[Traduction] Militantisme Vegan Créatif et Non-violent (un Guide du Débutant)


J’ai écrit cet article avec Angel Flinn, qui est directrice d'éducation pour Gentle World —une communauté d’intention végane et organisation à but non lucratif dont l’objectif est d’aider à construire une société plus paisible, en éduquant le public par rapport aux raisons de devenir vegan, les bénéfices du véganisme, et comment faire la transition..

Cet article fut publié initialement le 31 janvier 2012 sur Care2.

-Dan Cudahy, auteur de Unpopular Vegan Essays
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Ces dernières années, l’appel à réduire notre consommation de produits animaux a considérablement augmenté. On trouve une grande diversité parmi les individus et organisations derrière cet appel, de même que les raisons et bénéfices qu’ils soulignent, et la plupart d’entre elles ne sont pas vegan. Cependant, il y a une chose qu’elles ont en commun, elles permettent toutes aux gens d’être vegan plus facilement. En effet, le mouvement s’éloignant de l’utilisation animale s’annonce comme étant peut-être le phénomène social le plus significatif du 21e siècle.


Les blogs de recettes véganes, qui illustrent des techniques innovantes pour préparer une vaste gamme de plats délicieux, satisfaisants, se sont multipliés par centaines, si pas par milliers. Aussi bien le nombre que la variété de produits alimentaires vegans augmentent annuellement dans les restaurants et supermarchés. De nouvelles entreprises véganes ouvrent chaque année, et florissent plus que jamais, notamment les cafés, boulangeries, restaurants, épiceries, magasins de vêtements, boutiques en ligne, et même des centres de retraite et Bread & Breakfasts.

Des diététiciens professionnels, dont le nombre augmente, aident à guider les consommateurs à travers une myriade de livres, blogs, articles et DVDs pour apprendre comment atteindre une santé éclatante à l’aide de régimes alimentaires vegans naturellement sains, et permettent aux consommateurs d’éviter plus facilement que jamais les mauvais choix nutritionnels qui résultent souvent en phénomène de l’« ex-vegan ».

Remarque ; Certains pourraient être surpris de découvrir cela, mais il est de plus en plus reconnu que tous les nutriments requis dans le corps humain peuvent être obtenus de sources non-animales, ce qui comprend plein de protéines, fer, calcium, vitamine D, vitamine B12, et acides gras tel que l’Omega et huiles DHA. Si il y avait une quelconque carence dans les régimes vegans bien planifiés, les très conservatrices Association Américaine de Diététique, Association Médicale Américaine, et autres organisations scientifiques le feraient immédiatement savoir sur tous les toits.

Pour ceux d’entre nous engagés dans le véganisme éthique, il est essentiel de trouver tous nos nutriments de sources non-animales. Bien qu’on trouve des personnes déclarant avoir expérimentés des déficiences nutritionnelles causées par un régime alimentaire végétalien, il semble de plus en plus probable – en regard de l’information à laquelle nous avons accès aujourd’hui – que ces individus n’aient pas été suffisamment informés par rapport à la nutrition d’aliments complets vegans et aux nombreuses options de suppléments nutritionnels, dont la vaste gamme de suppléments alimentaires complets qui deviennent de plus en plus accessibles pour chacun de nous dans le monde développé.

Tandis que les effets environnementaux dévastateurs de l’agriculture animale deviennent de plus en plus apparents, les environnementalistes s’expriment par rapport aux infractions flagrantes de l’industrie envers l’écosystème global, comme la déforestation pour le pâturage, la culture de vastes monocultures destinées à l’alimentation d’animaux, les émissions extrêmement élevées de carbone et autres gaz à effet de serre comme le méthane, le gaspillage négligent d’huile, eau et autres ressources naturelles finies, et la pollution de notre air, eau et sols – alors que cette industrie dégoutante est artificiellement propulsée à l’aide de dizaine de milliards de dollars de subventions gouvernementales.

Du à la popularité croissante des réseaux sociaux, les ressources éducationnelles partagées par les militants dévoués permettent aux gens non-informés de plus facilement être témoins de la cruauté institutionnalisée qui est non seulement parfaitement légale, mais si horrible que la plupart d’entre nous s’en éloignent de détresse, réticents à endurer avec nos yeux ce que des innocents sont forcés d’endurer avec leurs corps.

Et un nombre grandissant de vegans abolitionnistes expliquent et démontrent le simple fait qu’à moins de déplacer le paradigme pour inclure totalement ces êtres sentients dans notre communauté morale en adoptant le véganisme et en rejetant le statut de propriété des animaux, il n’y aura pas de fin au barbarisme socialement accepté qui nous permet de traiter des êtres sentients aussi innocents que nos enfants en tant que marchandises économiques.

Internet, bien qu’encore dominé par les intérêts de grandes corporations, a comparativement démocratisé la capacité des militants à partager l’information. Les blogs, forums et réseaux sociaux ont ouverts des lignes de communication pour le dialogue rationnel parmi les gens ordinaires à un taux de croissance sans précédent depuis l’invention de l’impression.

Dans le passé, certains individus ont pu être tentés ou même obligés de choisir parmi l’éventail de grandes organisations qui profitent de la majorité des fonds disponibles pour le militantisme animal en s’en tenant aux valeurs dominantes avec un message promouvant le bien-être animal ou le végétarisme. Mais aujourd’hui, les individus qui sont fondamentalement concernés par le problème fondamental des droits des animaux sont capables de faire entendre leur voix de manière indépendante.

Vu les opportunités florissantes, les militants peuvent décider et choisir les méthodes et supports qui répondent à leurs talents, personnalités, préférences, et situation géographique. Si vous êtes un extraverti grégaire dans une ville ou banlieue qui aime discuter avec les gens en rue, vous pourriez bien faire en organisations des tables d’information dans un festival ou un stand de rue avec muffins ou amuse-gueules.

Si vous êtes confiant en votre capacité à préparer d’incroyables plats, vous pourriez aimer organiser une démonstration de cuisine végane chez vous ou ailleurs, ou des diners vegan ou des repas-partage en suggérant aux invités qu’ils invitent un ami qui est intéressé d’en apprendre plus sur le véganisme.

Ou, si vous êtes un introverti qui traverserait plutôt la rue que de discuter avec des personnes que vous ne connaissez pas, le bloggage, vloggage (blog video), et le militantisme sur les réseaux sociaux seront probablement votre moyen préféré. (Ceux parmi nous qui vivent dans une zone rurale trouvent cela souvent plus facile et bien plus efficace d’utiliser les opportunités offertes par internet pour notre militantisme). Pas confiance dans votre capacité d’écriture ? Aucun problème – peut-être pouvez-vous faire équipe avec un autre militant qui vous inspire, et l’aider à être plus productif en effectuant des recherches ou en écrivant les grandes lignes d’un texte qu’il peaufinera ensuite en un article engageant à publier. Peut-être êtes-vous meilleur dans l’édition que dans l’écriture : vous pourriez trouver quelqu’un qui a besoin d’aide avec cela. La collaboration (avec quelqu’un avec qui vous partager la même approche) peut être un excellent moyen pour aller plus loin et de toucher plus de monde.

Remarque : On trouve certains activistes qui insistent sur le fait que l’éducation face-à-face soit en quelque sorte supérieure à la communication en ligne. Cependant (en l’absence d’études compréhensives), y a-t-il une quelconque raison pour penser que le militantisme en ligne ou hors-ligne soit plus efficace que l’autre ? Il semble que les forces de l’online soient les faiblesses de l’offline et vice versa, mais ni l’un ni l’autre semble être plus efficace que l’alternative. Le plaidoyer hors-ligne, face-à-face, peut souvent être plus personnalisable et ouvert que celui en ligne vu la nature subtile de la communication non-verbale (sans mentionner la puissance indiscutable que la nourriture végane alléchante a sur le consommateur sceptique abritant des peurs imaginaires de dépravation sensorielle provenant de l’élimination des produits animaux). Mais le plaidoyer en ligne – qui travaille à toute heure, chaque jour, pour tous ceux qui comprennent la langue – peut toucher bien plus de personnes, souvent par quelques ordres de grandeur.

Plus important que le lieu ou le moyen utilisé pour le plaidoyer, cependant, est la qualité du contenu. Une excellente nourriture végane, un message vegan fort, et la convivialité et le charisme feront de toute évidence bien mieux lors d’un stand à un festival qu’une nourriture fade ou peu attrayante, un message de compromis, et une attitude de médiocrité, d’agression ou de jugement. Et de bonnes photos, des recettes véganes formidables, et un texte bien recherché, convaincant feront mieux en ligne – tous les autres facteurs étant égaux – qu’un contenu de moins bonne qualité.

Enfin, la qualité signifie savoir quoi ne pas promouvoir. Encourager l’achat de produits animaux étant prétendument produits de ’manière éthique’ (plein air, au sol, organique, élevé humainement, nourri à l’herbe, bio, etc) ne sert seulement qu’à renforcer la croyance traditionnelle, générale qu’il est moralement acceptable d’utiliser d’autres animaux comme ressources pour la consommation humaine.

On peut dire la même chose pour le message confus et déroutant généré par la promotion d’un régime alimentaire lacto-ovo végétarien, qui ignore la violence inhérente dans la production de lait et œufs (sans mentionner le barbarisme impliqué dans la production d’autres produits animaux, ce qui inclut l’habillement et les cosmétiques), comme si ces industries tout aussi brutales devraient d’une certaine manière être dispensées de l’examen moral par ceux qui voient la production de viande comme une forme intolérable d’injustice.

Le fait est qu’aucun d’entre nous n’a besoin de produits animaux dans nos vies. Nous exploitons les animaux et consommons les produits de leurs corps par plaisir, amusement, commodité, et tradition aveugle – toutes des raisons triviales pour rationnaliser la brutalité d’une exploitation dispensable. Malheureusement, peu importe ce que nous disons ou si nous le disons correctement, le fait est que la plupart des gens ne se dirigeront pas vers le véganisme simplement en entendant notre message. Cependant, en tant que militants, le véganisme est le message que nous devrions promouvoir exclusivement et sans équivoque. Le reste – promouvoir le végétarisme, ou la consommation de produits animaux « humains » -- trahit la vérité fondamentale qui nous amène au véganisme en premier lieu : la compréhension que nous devons mettre un terme à toute l’exploitation si nous voulons aller au-delà de la violence pandémique qui mine notre paradigme culturel actuel.

Il n’est pas rare pour les militants d’être profondément troublé et frustré par l’état de notre société et son attitude renforcée envers les animaux qui ne sont pas humains. Mais le changement social, bien que souvent lent, est souvent imprévisible, sujet aux points de basculement, aux changements de paradigme, et aux révolutions paisibles en attitudes et comportements. En tant que personne militant sans équivoque pour le véganisme généralisé, n’oubliez pas que vous êtes parmi les pionniers doux, forts, et indépendants d’esprit d’un mouvement grandissant, positif, et paisible visant à protéger notre environnement, à améliorer la santé publique et, plus important, à la longue mettre fin à l’acceptation sociale de la violence et de l’injustice infligée aux innocents.

Avec un peu d’effort, de courage, de créativité, et la volonté de partager ce que nous avons appris avec patience, persistance, et compréhension, nous pouvons tous aider les autres à comprendre la signification de ce changement essentiel que nous essayons de mener à bien.