mardi 6 décembre 2011

[Traduction] A propos de l’endoctrinement et éducation (1ere partie)

(Traduction de l'essai de Dan Cudahy, avec son accord, "On Indoctrination and Education (Part 1 of 2) ")


Introduction

L’endoctrinement et l’éducation sont des procédés semblables, excepté deux différences : une différence conditionnelle, et une différence cruciale. La différence conditionnelle est que l’endoctrinement est à sens-unique et non critique, alors que l’éducation est à multiples facettes, ce qui permet une évaluation libre et critique d’au moins deux perspectives, soit intentionnellement soit par défaut. Cette différence est « conditionnelle » (une différence selon les circonstances) car l’éducation peut être entièrement à sens-unique dans un environnement d’endoctrinement et quand-même être de l’éducation, puisque l’endoctrinement existant sert de solide présentation de l’autre partie du problème.

La différence cruciale est que l’endoctrinement implique nécessairement une sorte d’influence, de pouvoir, de contrainte, ou d’incitation à l’autorité ou à la tradition pour maintenir un monopole ou contrôle similaire de l’information, et de là un accord contrôlé ou un consensus ; alors que l’éducation balaye l’influence, le pouvoir, la contrainte, et l’incitation à l’autorité ou à la tradition de n’importe quel type, comme méthode de contrôle de l’accord ou du consensus. C’est cette différence qui distingue essentiellement l’endoctrinement de l’éducation.

L’influence, le pouvoir, la contrainte ou l’incitation à l’autorité ou tradition qui définissent l’endoctrinement peuvent recouvrir plusieurs formes, et n’utilisent pas forcément quelque sorte de violence ou menace pour maintenir un accord ou un consensus. Par exemple, le pouvoir intrinsèque, en contrôle économique ou financier, par rapport aux médias de masse et au type d’information que les médias présentent, est le type de pouvoir qui n’implique pas de violence ou menace envers le public, mais est néanmoins extrêmement efficace pour le maintien du contrôle de l’opinion publique. De même, la mise à l’écart des enfants par les parents par rapport à l’information et au raisonnement qui encourage la nonviolence ou le veganisme peut être entièrement dénuée de toute violence ou menace de violence. Même la dynamique des économies de marché de masse et le préjudice culturel largement répandu sont une forme de domination, influence excessive, et pouvoir par rapport à des convictions qui la définit en tant que mécanisme puissant – si pas même le plus puissant – d’endoctrinement.

Notre endoctrinement spéciste.

Nous vivons dans une société qui nous endoctrine fortement, pendant toute notre vie, pour nous faire accepter le dogme partagé et largement répandu que les animaux sont des choses, propriétés, et ressources qui sont là pour qu’on les exploite de virtuellement n’importe quelle manière qui nous plairait, tant qu’on le fait « humainement ». (« Humainement », tel qu’utilisé dans ce contexte, est tellement inexact et trompeur d’un point de vue pratique qu’il se rapproche, en signification, de son antonyme. Voir note [1] en bas de cet essai pour une élaboration importante sur ce point.)

Le restant de cet essai en deux parties se concentrera sur la manière dont on est endoctriné et à quel point, en espérant qu’en ouvrant les yeux par rapport à cette endoctrinement à sens-unique, basé sur le pouvoir, et de nature non-critique, ainsi qu’avec une éducation vegane comme antidote de cet endoctrinement, cela vous aidera à le surmonter.

L’endoctrinement durant la petite enfance.

Notre endoctrinement commence lorsque, enfants, on nous nourrit avec certains aliments avant qu’on ait une quelconque idée de ce que l’on mange (ou qui on mange). Quand, enfants, on découvre qu’on dévore les corps d’animaux morts, beaucoup d’entre nous se sentent mal à l’aise par rapport à cette découverte. Nos parents ou gardiens, eux-mêmes fortement endoctrinés depuis des dizaines d’années, tentent de nous assurer que certains animaux sont « faits » pour qu’on les mange et qu’on « doit » manger des animaux pour être en bonne santé. Beaucoup d’entre nous continuent à questionner de telles affirmations, mais même le plus précoce d’entre nous ne recevra pas de « raison » valable des adultes, excepté une sorte de « c’est comme ça » (par ex : c’est dans la bible ; dieu les a mis sur terre pour nous ; ils avaient un mauvais karma dans leurs vies précédentes ; ils ne sont pas rationnels comme nous) ou recevra un mensonge pour apaiser notre conscience (par ex : ça ne les dérange pas d’être mangés ; ils n’aurait pas pu avoir de vie agréable si on les mangeait pas, etc). De toute manière, la grande majorité d’entre nous sont forcés – soit via des menaces ou des punitions de ne pas avoir fini notre viande, ou par contrainte en voulant faire plaisir à nos parents et frères et sœurs – d’accepter que les produits animaux seront ce qu’on mangera, peu importe si ça nous plait ou pas. Remarquez l’influence et la différence de pouvoir impliquée dans, ainsi que la nature non critique de, notre « apprentissage » par rapport aux animaux – en tant que nourriture – et la manière dont nos préoccupations sont presque toujours balayées par la grande majorité des parents non-vegan.

L’endoctrinement durant notre jeunesse et à l’école.

Depuis la maternelle jusqu’aux primaires, les croyances endoctrinées formées durant notre petite enfance sont encore plus renforcées par les profs, les autres élèves, le menu du repas de midi de l’école, la « pyramide alimentaire » et l’ « éducation » nutritionnelle (formée par un processus politique fortement influencé par les intérêts du business de l’agriculture animale), ainsi que par un bombardement constant de publicités de l’industrie à la télévision, radio, panneaux d’affichage et dans les journaux. Pour la grande majorité d’entre nous, il n’y a pas d’autres perspectives alternatives. Notre société et les institutions la formant ont un monopole extrêmement puissant de l’information et des perspectives que l’on reçoit. Et on ne s’arrête pas là car, presque sans aucune exception, les personnes d’influence dans ces institutions sont elles-mêmes fortement endoctrinées, peu importe si elles en sont conscientes ou non.

Nous nous devons d’accepter sans aucune critique l’affirmation que les produits laitiers, œufs et viande sont « nécessaires » pour notre santé. Nous nous devons d’accepter sans aucune critique qu’il n’y a aucune alternative viable aux produits animaux. Nous nous devons d’accepter sans aucune critique que l’abattage, l’esclavagisme, et l’exploitation est « humaine », nécessaire et moralement acceptable.

La plupart d’entre nous, si nous remettons en cause de manière critique ou rejetons les produits animaux de notre régime alimentaire et de notre vie durant notre vie à l’école, nagerons à contre-courant d’un flot écrasant de parents, professeurs, élèves, menus de midi de l’école et matraquage publicitaire. Les remises en question critiques du dogme de la société, par rapport à la consommation de produits animaux et à l’utilisation des animaux, déclenchent souvent l’hostilité ou même la tournure en ridicule. L’exception est lorsque nous avons des parents qui sont soit vegan soit soutiennent fortement notre décision de le devenir. Cependant, malgré cela, l’endoctrinement et l’hostilité des personnes en dehors du cadre familial sont importants, et notre sens de l’indépendance doit pouvoir suivre. Encore une fois, la différence de pouvoir est importante, et la nature du renforcement du paradigme des animaux -en tant que- choses est presque toujours aveugle et dénuée de sens critique.

L’endoctrinement durant notre adolescence.

Lorsque nous entrons dans l’adolescence, le même endoctrinement continue, venant des mêmes sources que durant notre enfance, mais il y a peut-être une transition des parents et profs vers les publicitaires et nos connaissances ayant le plus d’influence sur nous. La plupart d’entre nous commencent à tenter de se construire une identité, et nous choisissons souvent des modèles pour nous aider dans ce processus. Nos connaissances et modèles seront rarement, voir jamais, des vegans qui auront rejeté le préjugé culturel du spécisme. En fait, en tant que victimes elles-mêmes d’un lourd et puissant endoctrinement, il y a de fortes chances qu’elles aient de profonds préjugés par rapport à l’appartenance des espèces, comme toute autre personne.

Même si nous sommes exposés à un modèle vegan positif durant notre adolescence, l’endoctrinement d’autres personnes continuera, puissant et dénué de sens critique, et encore une fois, notre sens de l’indépendance doit être aussi fort.

Cela conclut la première partie de cet essai en deux parties. La deuxième partie continuera avec l’endoctrinement continu que nous recevrons en tant qu’adultes et terminera par l’éducation vegane comme antidote à cet endoctrinement et ce à tout âge.

(Suite)
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Note:

[1] « Humainement », selon la loi, signifie pas plus de douleur, souffrance, et torture qu’estimée approximativement « nécessaire » par le propriétaire de la marchandise afin d’atteindre l’objectif en question ; donc, l’asservissement, le confinement, la brûlure, la torture, les frappes, le viol, les coups de couteau, les tirs, la fracture d’os, l’électrocution, la provocation de psychose, d’addiction à la drogue, de maladies mentales, de tourment psychologique, les coups électriques et tout autant d’autres formes de tortures que vous pouvez imaginer sont parfaitement légales, du moment qu’elles permettent d’atteindre les objectifs instrumentaux légalement établis par les personnes faisant des expériences sur les animaux, par les chasseurs, par les piégeurs, par les fermes familiales, par les éleveurs ou par tout autre industrie ou personne adulte. Même lorsqu’on démontre que la torture infligée est « gratuite » ou « pas nécessaire » pour atteindre l’objectif ciblé, et viole la loi sur le bien-être, l’animal reste une propriété et de là, les conséquences judiciaires sont suffisamment ridicules pour être dissuasives. Songez à lire Animals, Property, and Law de Gary L. Francione (livre en anglais) pour plus de détails sur la question : pourquoi la législation sur le bien-être animal protège, et protègera toujours, presque toutes les formes de torture inimaginable.


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